Une année de plus pour préparer les Jeux olympiques de Tokyo va-t-elle changer quelque chose pour nos chances ? La question mérite d’être posée quand on entend ici et là que ça va nous permettre de mieux préparer cette joute et que c’est une bonne nouvelle pour nos athlètes.
Corona, manque de moyens et de temps, selon ces voix, si on avait joué les JO cette année, nos chances auraient été minimes de postuler pour une médaille. Et toujours, d’après ce raisonnement, une année de plus est une chance pour nos athlètes. Toutefois, on ne nous a pas expliqué, arguments à l’appui (chiffres et indices), comment ce report des JO est une «bonne nouvelle». Car réellement, l’écart avec les autres nations du sport qui jouent pour les podiums est si impressionnant ! Ce sont des années lumière qui nous séparent d’eux. Moyens financiers, logistique, expertise technique, temps alloué, technologie déployée, suivi et même tempérament et attitude des athlètes, ils sont largement devant nous. Et ce n’est pas franchement ce «petit» budget de 5 millions de dinars alloué à la préparation olympique qui va faire la différence. Soyons réalistes, humbles et valorisons nos champions à leur juste valeur. Dire que le report des JO à 2021 va servir les quelques athlètes «médaillables», c’est leur mettre une pression de plus. C’est leur demander quelque chose qui dépasse leurs possibilités. Cette année de plus dans la préparation olympique va servir les grandes nations sportives qui, elles aussi, ont programmé plus de stages et de compétitions pour leurs athlètes olympiques. Ce que nous attendons de nos athlètes qualifiés aux JO, c’est de tout donner. Sans calcul, sans pression de médaille. L’élite, si mal gérée depuis des décennies, ne peut pas en une année rattraper le retard en moyens et en programmations de qualité. Nos champions militent avec les moyens du bord. Ne vendons pas de l’illusion aux Tunisiens : se qualifier aux JO est déjà une grande performance pour nos athlètes compte tenu des petits moyens mis pour l’élite. Toutes ces médailles gagnées aux JO, c’est quelque chose d’extraordinaire, de miraculeux, c’est la graine de champions qui se sont surpassés pour le faire. Ce n’est pas la gestion de l’élite qui l’a amené. Donc 2020 ou 2021, gardons les pieds sur terre et voyons les problèmes de l’élite en profondeur.